Au 18ème siècle, les vétérinaires ont remarqués que certaines familles de médicaments étaient mal tolérées chez certaines races de chiens. C'est au 19ème siècle qu'il a été mis en évidence que l'ivermectine utilisée comme antiparasitaire chez le chien semblait provoquer des symptômes neurologiques graves qui menaient généralement au décès de l'animal appartenant à la famille des chiens dits à "museaux longs". Il a été démontré que plusieurs races de chiens, toutes apparentées au Colley, étaient exposées à cette toxicité, à des degrés différents. Sont principalement concernés, les chiens de race Colley, Berger Australien, Berger Australien miniature, Berger blanc suisse, Shetland, Border Collie, English Shepherd, Longhaired Whippet, Mc Nab, Old English Sheepdog, Silken Windhound, et Wä¨ller. Cette liste reste incomplète car les chiens issus de croisement avec une ou plusieurs de ces races peuvent également être concernés.
Qu'est-ce que le gène mdr1 ?
L'abréviation MDR1 pour Multi Drug Resistance désigne un gène qui synthétise une protéine nommée Glycoprotéine P. ou P-gp. Cette protéine qui est située dans les cellules endothéliales qui constituent la barrière hémato-méningée, agit comme une pompe capable d'expulser les substances indésirables pour le cerveau, comme les médicaments par exemple. On retrouve également la Glycoprotéine P. au niveau des reins, du foie et de l'intestin, ou elle joue le même rôle de protection.
Mutation du gène MDR1
Dans le cas d'une mutation du gène MDR1, il manque des informations sur le brin d'ADN, la Glycoprotéine P. n'est donc pas synthétisée.
Le chien porteur de cette mutation vit une vie semblable à celle des autres chiens. Il a la même espérance de vie, autant de vitalité etc...
Le danger sera présent uniquement en cas d'absorption de certaines molécules médicamenteuses. La liste est longue mais parmi les plus répandues on trouve : l'ivermectine, la milbemycine, l'emodepside, la moxidectine, le spinosad, la lopéramide, métoclopramide et doméridone.
Ces molécules composent certains antiparasitaires, vermifuges, antibiotiques, anti-diarrhéiques, anti-vomitifs, agents anti-cancéreux, médicaments cardiaques, immunosuppresseurs ...
On retrouve une liste très complète sur le site collie-online :
http://www.collie-online.com/colley/mdr1/index.php
En cas d'absorption de ces molécules par un chien qui présente une mutation du gène MDR1, un plus grand nombre de molécules chimiques seront absorbées par le cerveau, le foie, les reins et l'intestin, ce qui accentue leurs effets indésirables. C'est un peu comme si le chien avait reçu à lui seul une dose d'éléphant.
On peut alors observer des troubles nerveux (dus à ce que l'on appelle une neurotoxicité), des troubles digestifs, des convulsions, de l’hyper-salivation, des
vomissements, une paralysie totale ou partielle et parfois même le coma puis la mort.
Que faire en cas d'intoxication ?
Si un chien présente un ou plusieurs de ces symptômes, il s'agit d'une urgence. Il faut donc le conduire au plus vite chez un vétérinaire. Notons que ces symptômes apparaissent le plus souvent dans les 12 à 24h après l'administration de ces molécules, mais elles peuvent aussi apparaître jusqu'à 3 semaines après.
Si le médicament a été ingéré depuis moins d'une heure et que le chien ne présente encore aucun symptôme, le vétérinaire se chargera de faire vomir le chien (Attention, ne tentez jamais de faire vomir votre chien vous même, cela pourrait lui être fatal. Le vétérinaire lui fera une injection pour le faire vomir).
Si le médicament a été ingéré depuis plus d'une heure ou que le chien présente déjà des symptômes, le vétérinaire administrera du charbon végétal activé afin de favoriser l'élimination de la molécule par le tube digestif. En fonction des symptômes présents, il faudra également installer une perfusion, réhydrater le chien, voir, en cas de coma, le mettre sous assistance respiratoire. Tout ceci peut durer de plusieurs jours à quelques semaines et malgré tout ce qui est mis en place, le pronostic vital du chien reste réservé.
Que faire en prévention ?
En prévention il est possible de tester le chien. Le kit, sous forme de prélèvement buccal ou sanguin, est à commander auprès d'un laboratoire réalisant ce test. Après avoir effectué le prélèvement chez un vétérinaire (certains vétérinaires possèdent déjà des kits de prélèvement, renseignez-vous), il faut le renvoyer au laboratoire qui adressera le résultat sous 10 à 15 jours.
- Soit le profil du chien est MDR1 (+/+), ce qui signifie qu'il est porteur homozygote sain.
- Soit le profil du chien est MDR1 (+/-), ce qui signifie qu'il est hétérozygote : mutation d'un seul gène, le risque est présent mais les symptômes sont en général moins prononcés.
- Soit le profil du chien est MDR1 (-/-), ce qui signifie qu'il est homozygote muté : mutation des deux gènes, il est donc impératif d'adapter les traitements administrés au chien, proscrire l'automédication et rappeler le profil MDR1 (-/-) du chien au vétérinaire avant chaque traitement. Pensez aussi à l'inscrire dans son carnet de santé et/ou passeport.
On notera également qu'un chien dont les deux parents ont un profil MDR1 (+/+) pourra très bien développer la mutation de ce gène tout seul, comme un grand, donc mieux vaut se fier au test du chien plutôt qu'à celui de ses parents.
Quel que soit le profil MDR1, il sera le même tout au long de la vie du chien, il est donc inutile de le faire vérifier ultérieurement.
Chien testé ou non, la prudence reste de mise.
Dans des cas plus rares, la mutation d'autres gènes peut également conduire au même dysfonctionnement de l'organisme, et ce, chez n'importe quelle race de chien. Donc malgré un profil MDR1 (+/+) et / ou un chien n'appartenant pas à une des races citées plus haut, les traitements sont a administrer avec prudence. En cas de symptômes douteux, contactez votre vétérinaire.
Sources : collie-online ; clinique vétérinaire calvisson
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